Epilogue (6)
Par Alexandre Vaughan
Shari s’assit sur le siège en marbre. Elle n’arrivait toujours pas à s’habituer au froid qui se dégageait du trône de la Sirène. Son trône. Elle savait à présent que c’était ici, et non en Sûsenbal ou dans les ruines de Dûenhin, qu’elle devrait siéger pour le reste de son règne. Le pouvoir était une question de symboles, et si elle voulait asseoir sa légitimité, elle se devait de maintenir une continuité avec Aridel.
Quoi de mieux donc, que de prendre place là où le Dasam d’Erû avait été couronné ? Shari était son héritière et elle entendait bien le montrer. Cela serait-il suffisant pour mener à bien les projets qu’elle avait en tête ? L’Alliance n’était pour elle que le début. Elle envisageait une fédération de tous les peuples d’Erûsarden où chacun aurait sa voix, et pourrait aspirer au bonheur en harmonie. Peut-être était-ce utopique, mais c’était l’objectif qu’elle s’était fixé.
Déjà des voix se faisaient entendre contre la dirigeante de l’alliance. Certains contestaient le fait de laisser aux Sorcami libre passage dans les terres des humains, d’autres désapprouvaient l’alliance avec Niûsanif, d’autres encore contestaient la légitimité de leur nouvelle souveraine. C’était sans parler de ceux qui écoutaient les rumeurs au sujet d’Imela et de son enfant à naître, le véritable héritier du trône, selon certains.
Toutes ces menaces, même si elles étaient bien réelles, n’inquiétaient guère Shari. Elle était une politicienne aguerrie et une diplomate hors pair. Et elle avait le soutien de Daethos et de Nidjîlî. Elle avait su s’entourer de conseillers de confiance, et sa flotte, dirigée par Imela, était la plus puissante du monde. Le seul pays qui n’avait pas encore rejoint l’alliance, Sorûen, n’était pour le moment pas encore un problème. Non, Shari, ne craignait pas grand chose de ce côté.
Elle n’avait peur que d’une chose : que tout ce pouvoir lui monte à la tête. Ne risquait-elle pas de se transformer en un nouvel Oeklos . Elle ne voulait pas déshonorer la mémoire de tous ceux qui étaient tombés afin qu’elle puisse s’asseoir sur ce trône. Sûnir, Domiel, Orin, et tant d’autres avaient trouvé la mort suite aux atrocités de la guerre du règne de l’empereur. Plus jamais ! Elle le devait à Aridel, qui lui aussi avait fait le sacrifice ultime afin de donner au monde sa chance.
Le souvenir de l’homme que Shari avait aimé en vain la submergea. Elle n’arrivait pas à se défaire de la tristesse de l’avoir perdu. Pourtant elle lui devait de continuer. Elle avait fait une promesse et elle la tiendrait. Elle était à présent impératrice, héritière spirituelle d’un Dasam. Le monde comptait sur elle et elle ne faillirait pas. Il était temps d’amener Erûsarden dans une nouvelle ère.
Shari leva la main en direction du chambellan qui attendait son signal. Celui-ci frappa trois fois de son bâton et la grande porte de la salle du trône s’ouvrit, laissant passer une foule bigarrée de courtisans.
Une trompette retentit, et un héraut annonça :
- Soyez les bienvenus à la cour de Shas’ri’a impératrice de Dûen, souveraine de Sûsenbal, et reine d’Omirelhen.
Shari se leva et prononça ces mots d’une voix vibrante.
- Femmes et hommes, Sorcami et Nains, soyez tous les bienvenus. Sachez que cette cour représente l’espoir d’un monde nouveau. Nous sommes tous, ici présent, à la fois tributaires et responsables de ce monde. Chaque personne qui accepte cette simple réalité, est, de plein droit, un Gardien d’Erûsarden.
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.... Redémarrage en cours...