Epilogue (5)
Par Alexandre Vaughan
Lorsqu’il sortit du bureau du magister, l’humeur de Djashim était exécrable. Il marcha d’un pas rapide et nerveux jusqu’à la sortie du capitole. Il avait beau apprécier Nîdjîli, son aîné était parfois borné sur certains sujets, et la situation en Sorûen en faisait partie.
- Impossible de faire entendre raison à ce vieux croûton ! râla-t-il en s’approchant d’Ayrîa qui l’attendait patiemment sur l’un des quatre ponts menant au capitole. Sorûen n’est visiblement pas sa priorité.
- Ce n’est qu’un contretemps, répondit la jeune femme d’un ton apaisant. Tu pourras lui en reparler quand il sera dans un meilleur état d’esprit.
- Comment peux-tu dire cela ? Ta famille, tes amis, ton clan, vivent en Sorûen. Et Codûsûr est un tyran !
- Je ne me fais pas d’inquiétude pour mon clan, ni pour Chînîr, répliqua Ayrîa en souriant. Je suis sûr qu’il est retourné dans le désert, et si Codûsûr essaie de se frotter à lui, nous n’aurons même plus besoin d’impliquer Niûsanif dans cette affaire.
- Ce n’est pas une raison pour ne rien faire ! vociféra Djashim. Je refuse de laisser cet usurpateur détruire un pays où nous avons tant souffert.
- Un peu de patience, général, sourit de nouveau Ayrîa. Codûsûr devra bien se rendre à l’évidence et accepter de changer ses façons de faire. Il va vite prendre conscience de son isolation sur la scène politique. L’Alliance est bien plus puissante que Sorûen, et il le sait.
Djashim, contaminé malgré lui par la bonne humeur de sa compagne, se calma un peu.
- Tu as probablement raison. Je pense que je n’arrive plus à supporter qu’il existe encore en ce monde un tyran qui se comporte comme Oeklos. Nous en avons eu assez. Je ne laisserai pas le sacrifice d’Aridel se ternir.
Le visage d’Ayrîa s’assombrit momentanément.
- Personne n’a envie d’un nouvel Oeklos, Djashim. Mais je ne crois pas que Codûsûr soit assez retors ni intelligent pour reprendre ce rôle. N’y pensons plus pour le moment. Ne sommes-nous pas à Niûsanin, ta ville natale ? Je suis sûr que le gamin des rues que tu es doit avoir plein de lieux à me faire visiter…
Le visage de la jeune femme se fendit d’un clin d’œil. Djashim ne put s’empêcher de sourire.
- Tu as raison, Ayrîa. Il est peut être temps que le général Djashim rende ses galons, au moins temporairement.
Il prit la main de sa compagne et tout deux s’en allèrent, se perdant dans les rues de la capitale de Niûsanif.