Epilogue (4)
Par Alexandre Vaughan
Aux yeux de Daethos, Sorcakin gardait toujours son aspect surréaliste. L’homme-saurien savait, à présent, qu’il y finirait probablement sa vie. Il ne pouvait s’empêcher, cependant, de regretter la jungle d’Inokos, l’endroit où il était né et où il avait vécu la majeure partie de son existence. Malgré cela il avait conscience que sa destinée était ici, au cœur du royaume des Sorcami.
Daethos était Ûesakia, maintenant. Sa responsabilité envers ses semblables était immense. Son peuple ne se réduisait plus aux habitants d’Inokos, mais englobait tous les hommes-sauriens du monde. Il saurait leur montrer qu’il était digne de l’honneur qu’il avait reçu.
Sorcakin grouillait de vie. C’était loin d’être inhabituel, mais le fait que des humains y circulent librement aux cotés de leurs homologues Sorcami était nouveau. Ils se mêlaient tant bien que mal aux hommes-sauriens, vendant leurs produits, discutant avec les artisans et les commerçants, flânant simplement dans cette cité étrangère. C’était une nouvelle ère et Daethos se sentait fier d’en être acteur.
Il avait honoré la mémoire de ses ancêtres en instaurant la paix. Cela pouvait-il compenser son échec à protéger Aridel ? Celui qu’il s’était juré de garder avait disparu du monde et Daethos ne pouvait rien y faire. Depuis qu’il avait appris la terrible nouvelle, le deuil et la culpabilité n’avaient jamais quitté le Ûesakia.
Il ne pouvait à présent qu’honorer la mémoire de son ami en continuant à soutenir l’alliance qu’il avait créé. Il comptait beacoup pour cela sur l’aide de Shari, qui permettait, par sa volonté, à cette fragile union entre hommes et Sorcami d’exister.
La jeune femme était devenue l’une des personnalités les plus puissantes du monde. De par sa naissance, elle avait hérité du trône impérial de Sûsenbal, mais c’était loin d’être son seul titre. Aridel avait fait d’elle son héritière. Shari était donc également reine d’Omirelhen, et par extension impératrice de Dûen. Elle dirigeait près d’un tiers de la population humaine ayant survécu au cataclysme de L1. Et c’était sans parler de l’alliance qu’elle avait formé avec Daethos et les humains de Niûsanif. L’Alliance était devenue l’entité politique la plus puissante du monde. Certains y voyaient même un embryon d’empire planétaire, reflet de celui des Anciens.
Daethos sourit intérieurement. Il était ironique que le rêve d’Oeklos, soit, d’une certaine manière, en train de s’accomplir. Celui qui s’était voulu empereur du monde était probablement mort, et peu regrettaient son existence. Tant de sacrifices pour revenir au point de départ…
Daethos se reprit. Il était temps de se tourner vers l’avenir. Son peuple avait besoin de lui. Les Lûakseth étaient bien loin d’être acquis à sa cause, et les convaincre prendrait du temps. Daethos se sentait malgré tout en confiance. Le plus dur était derrière lui. La lumière brillerait de nouveau sur l’ensemble du monde, tôt ou tard.