Le royaume de Sorûen
Par Alexandre Vaughan
La fondation de Sorûen
Sorûen est le plus grand des royaumes humains d’Erûsarden en superficie. Il recouvre tout le sud du continent d’Erûsard, à l’exception du domaine de Sanif. Une grande partie de ces terres est cependant couverte par le désert de Sorûen, zone aride et désolée où la vie est très difficile.
L’histoire de Sorûen commence en 124 E.D. lorsque l’Empereur de Dûen, alors maître de tout le continent d’Erûsard, décida la création de la taxe de l’eau. Ce nouvel impôt octroyait à l’empire dix pour cent des recettes de l’eau transportée vers le désert de Sorûen. Il venait s’ajouter aux nombreux prélèvements que Dûen imposait déjà à ses sujets.
Cette taxe fut littéralement la goutte d’eau qui fit déborder le vase. En effet, à cette époque, le transport d’eau représentait une part non négligeable des recettes de la province de Sanif, qui utilisait ses beateaux pour transporter l’eau d’irrigation vers le port de Samar. Ainsi, le duc Leotel, gouverneur de Sanif, et personnage très influent dans tout le Sud d’Erûsard, décida d’agir. Après avoir tenté de convaincre l’Empereur Sabhût de retirer sa taxe, il finit par abandonner la diplomatie, et dût choisir la voix des armes.
Leotel assembla ainsi une petite armée dans son fief d’Amilcamar, et décida de marcher sur Erûsdel, alors gouvernée par le Grand-Duc Dacile, gouverneur de Sorûen. La marche de Leotel est contée dans bien des chansons, et à chaque ville où son armée passait, elle ne faisait que grandir. Tous les mécontents du régime Impérial le rejoignaient. Lorsque cette vaste armée atteignit les portes d’Erûsdel, elle comptait plus de trois cent mille hommes. Dacile, constatant son impuissance, fut forcé de remettre les clés de la ville à son vassal. Humilié, il fut alors envoyé comme messager à l’Empereur, portant les demandes de Leotel.
L’empereur Sabhût ne leur fit pas bon accueil. Réagissant par la force, et désirant affermir son emprise sur ces rebelles du sud, il ordonna la mobilisation des légions. Ainsi au printemps de l’an 124 (automne en Sorûen) une armée de près de six cent mille hommes entra dans le désert, avec pour objectif la libération d’Erûsdel.
La stratégie de Leotel pour contrer les légions, bien plus nombreuses que ses forces, était ingénieuse. Elle était basée sur l’utilisation du désert de Sorûen. Leotel avait le support des nomades du désertet ils l’aidèrent à placer ses forces stratégiquement le long des princiaples routes de transport à travers le désert. Les villes de Dûstel et Niûtel, par lesquelles l’armée impériale était sûre de passer, servirent de base arrière aux “rebelles”. Les forces de Leotel avaient pour mission de harceler l’armée impériale, mais surtout de couper ses voies de ravitaillement.
Chaque lieue que les légions parcoururent dans le désert fut ainsi très chèrement payée en hommes et en matériel. Malgré cela, elles réussirent à franchirent les obstacles placées devant elles. Bien qu’amoindrie, l’armée de Dûen arriva enfin, à la fin de l’an 124, en vue du fleuve Ongarin, la frontière sud du désert de Sorûen. Plus de la moitié des troupoes Dûeni avaient péri dans le désert, et c’est donc trois cent mille âmes qui se retrouvèrent devant le pont de Lûlabrûg. Leotel avait rappelé le reste de son armée à Erûsdel, où il prévoyait de livrer une bataille décisive. L’armée de Dûen rejoignit donc la capitale sans encombre, et s’installa pour en commencer le siège.
Le siège d’Erûsdel dura plus de cinq ans. Le courage des troupes Sorûeni, et celui de la population de la ville, sont encore chantés de nos jours. Bien que légèrement inférieures en nombre à l’armée Dûeni, les forces de Leotel résistèrent, et continuèrent à harceler l’Empire en effectuant des sorties régulières, qui permirent ainsi d’assurer le ravitaillement d’Erûsdel. Toutes les villes situées au Sud d’Erûsdel, y compris les villes de Sanif, supportèrent la rébellion, et fournissaient hommes, armes, et nourriture à Leotel. L’armée de Dûen était quantà elle ravitaillée par le Nord, mais le désert de Sorûen restait un obstacle majeur à l’envoi d’une seconde armée, et le siège s’enlisa.
Cette guerre sans fin finit par avoir un impact négatif sur l’économie Dûeni, et l’empire se retrouva au bord de la faillite. En 130, l’Empereur Sabhût fut forcé de rappeler ses troupes, admettant sa défaite. Leotel se proclama alors suzerain incontesté de toutes les terres situées au sud de la ville de Dacimar, et fonda ainsi le Royaume de Sorûen.
La guerre de Sûsenbal
Après la guerre contre les Dûeni, le Royaume nouvellement créé connut une grande période de croissance et de prospérité, portée essentiellement par les activités commerciales du domaine de Sanif. Au fil des générations, les souverain de Sorûen devinrent ainsi de plus en plus confiant, s’estimant être les égaux des empereurs de Dûen. Ils décidèrent donc de se tourner vers l’est, et lorgnèrent sur l’archipel de Sûsenbal. Situé au sud-est d’Erûsard, Sûsenbal était habité par un peuple de Marins qui, à la chute de l’Empire de Blûnen, avaient refusé de se soumettre à Dûen.
Les Sûsenbi vivaient essentiellement du produit de leur pêche et de leur commerce avec Dûen et Sorûen. Sûsenbal était un petit royaume, comparé à ses voisins, et il avait survécu grâce à la diplomatie. Les Sûsenbi disposaient donc d’un très efficace réseau de renseignemeent, et furent rapidement au courant des intentions de Sorûen. Orsadon, l’empereur de Sûsenbal, savait que la seule chance qu’avait son peuple de vaincre Sorûen était d’empêcher coûte que coûte ses troupes de débarquer.
C’était que en mer que le sort de l’archipel allait se jouer. La marine Sûsenbi était puissante et bien aguerrie, formée à protéger les navires marchands des pirates.
En l’an 214 E.D., lorsque le roi Lanasor II de Sorûen décida de lancer une attque surprise sur Sûsenbal, Orsadon mobilisa sa flotte et contre-attaqua. Ainsi eut lieu la bataille d’Ucibal, la plus grande bataille navale depuis la chute de l’Empire de Blûnen. Les huit cent navires de Sûsenbal affrontèrent et vainquirent les mille cinq cents vaisseaux Sorûeni dans un combat digne des plus grandes épopées. L’expérience et la bravoure des Sûsenbi se montra déterminante, et seule une poignée de navires Sorûeni parvinrent à faire demi-tour pour rentrer annoncer leur défaite.
Ce revers marqua un tournant dans l’histoire de Sorûen. Lanasor II fut forcé de signer un accord de non-agression avec Sûsenbal, garentissant ainsi l’indépenddance de l’archipel. L’armée de Sorûen avait ét vaincue, et le royaume perdit ainsi toute vélléité belliqueuse.
Malgré cela, Sorûen continua à prospérer, fort du pouvoir économique du domaine de Sanif. Cependant, la stagnation et le mutisme des autorités royales, ainsi que l’exploitation systématique des ressources de Sanif finirent par provoquer l’exaspération des princes-marchands du domaine.
Les Troubles (814-950)
Le règne du roi Lûnan IV fut donc marqué par la sécession du domaine de Sanif, suite à la bataille de Lûstefeld (voir l’histoire de Sanif). Cette perte fût un coup dur pour Sorûen, qui vit disparaitre avec Sanif plus des trois quarts de sa richesse. Heureusement pour les Sorûeni, l’appétit de ses puissants voisins, Sanif et Dûen, se tourna vers le continent de Sorcasard, nouvellement re-découvert.
Alors que la Guerre des Sorcami faisait rage à l’ouest, Sorûen connut des troubles civils apparemment sans fin. Les princes et gouverneurs des cités s’affrontaient pour le pouvoir, et les rois se succèdèrent aux rois dans une violence inouie.
La plupart des provinces de Sorûen finirent ainsi par devenir quasi-autonomes, le pouvoir central ne devenant guère plus qu’un symbole.
La situation se stabilisa vers l’an 950 E.D. lorsque le roi Frisar s’empara du pouvoir, après avoir éliminé son frère Gotam. Frisar sut faire taire les oppositions, utilisant bien souvent la force pour faire entendre sa voix. Cela conduisit ses opposants à émigrer vers Sorcasard, et notamment le protectorat de Niûsanif, nouvellemnt créé. (Cette immigration fut l’une des cause de la fondation de la république de Niûsanif).
La Pax Soruana
Sorûen entra alors dans une longue période de paix. Officiellement, Sorûen était redevenu un royaume soumis à la volonté des souverains d’Erûsdel. Malgré cela, certaines régions jouissaient encore d’une autonomie considérable, devenant des principautés presques indépendantes. Ce statu quo satisfaisait tout le monde. Le pouvoir central n’était en effet pas sorti indemne de la période des troubles, et accepta de perdre une partie de sa souveraineté afin de maintenir la paix.
Ce n’est qu’au début de la guerre des Songes que cette paix fut rompue.
Les peuples du désert
Le désert de Sorûen est une zone où la chaleur et l’aridité sont si intenses que seuls les plus valeureux peuvent y survivre. A la chute de l’empire de Blûnen, nombreux furent les hommes à s’y réfugier pour échapper à la fureur des Sorcami. Cependant, bien peu survécurent aux épreuves du désert.
Ceux qui restèrent, cependant, formèrent l’un des peuples les plus résistant d’Erûsard. Il s’agissait d’un ensemble de tribus nomades très mystérieuses, voyageant d’une oasis à l’autre et vivant de chasse et de commerce, que le pouvoir Sorûeni ne parvint jamais complètement à dominer.
Les nomandes étaient cependant fermememnt décidés à conserver leur liberté, et ils se battirent toujours aux cotés de Sorûen lortsque celle-ci était menacée. C’est ainsi qu’ils aidèrent les troupes Sorûeni à résister à Dûen, protégeant ainsi les frontières du royaume.
La ville de Samar
La ville de Samar, coincée entre l’Océan et le Désert, fut au départ un comptoir fondé en 33 E.D. par un prince-marchand Sanifais, Gûcild, afin de faciliter l’approvisionnement d’eau aux peuples du désert.
Les peuples du désert virent tout d’abord d’un bon oeil la création de cette ville. Ils découvrirent cependant vite que celle-ci servait d’assise au pouvoir de Sanif dans leur région, et décidèrent de s’en emparer.
Gûcild avant cependant tout prévu. Samar était batie au sommet d’une colline, et les murs de la ville protégeaient une forteresse que même les plus aguerris ne pouvaient pénétrer. Les peuples nomades furent donc forcé de passer un accord avec le prince-marchand. Ils reconnaissaient sa suzeraineté sur la ville et sa région, s’il s’engageait à ne pas s’aventurer plus loins dans le désert.
Samar devint ainsi le principal port du Nord de Sorûen, et sa population mixée de Sanifais et de nomade prospéra, jusqu’à l’arrivée de la taxe de l’eau, en 124, comme on l’a vu ci-dessus.
Une fois la guerre avec Dûen terminée, Samar redevint un domaine prospère, dirigé par les descendants de Gûcild.
Lorsque les troubles commencèrent, cependant, les seigneurs de Samar tentèrent de faire valoir leurs droits au trône, sous prétexte de parenté avec Leotel, le fondateur de Sorûen. Ils furent tous éliminés par leurs rivaux, et la ville devint alors la propriété des clans du désert.
Les seigneurs de Samar se succédèrent jusqu’à la guerre des songes, où ils furent remplacés par un administrateur impérial. Seule la fille du dernier seigneur survécut, incognito, aux massacres d’Oeklos.